Le travail des enfants
Bien que le travail des enfants remonte à l’Antiquité, il prend de nos jours des formes particulières qui l’ont dressé depuis une vingtaine d’années sur la liste des préoccupations de la communauté internationale. En 2008, l’OIT recensait plus de 305 millions d’enfants économiquement actifs, ce qui représente environ 1 enfant sur 5. Ce chiffre reste néanmoins une évaluation, du fait de la difficulté de récolter des données fiables.
Cependant leur condition peut varier du tout au tout, allant d’une aide aux travaux des champs permettant une scolarisation, aux pires formes d’exploitation. Toute forme de travail des mineurs n’est donc pas condamnée ou condamnable.
Nous dresserons ici un bilan des connaissances sur l’état du travail des enfants dans le monde selon trois approches : globale, sectorielle et enfin régionale.
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Travail des enfants et âge minimum ?
D’un point de vue culturel, la notion d’enfance renvoie à des âges variés, avec chez certaines cultures une limite fixée à 10 ans. Mais au regard du droit international et notamment pour l’UNICEF, la catégorie “enfant” s’étend à tout individu de moins de 18 ans.
En ce qui concerne le droit au travail, les normes internationales fixées par l’OIT définissent un âge minimal déclaré pour l’accès à un travail limité, dans le cadre de la Convention 138, signée par la majorité des pays ; cet âge varie entre 14 et 16 ans en fonction des signataires. L’accès intégral au travail est fixé par la même convention à 18 ans.
Au sein des organisations d’enfants travailleurs, la question de l’âge minimum ne fait pas consensus. Les sensibilités sont différentes selon les continents, et les jeunes travailleurs se désignent sous des appellations différentes. Ainsi, en Asie, le terme de « working children », montre qu’ils suivent la politique de l’UNICEF qui considère que tout individu de moins de 18 ans est un enfant. En Amérique Latine, les NATs, « Ninos y Adolescentes Trabajadores » introduisent la distinction entre enfant, jusqu’à 12 ans, et adolescents jusqu’à 18 ans, avec des règles organisationnelles qui tiennent compte de la représentation des deux groupes. On retrouve la même logique dans le mouvement africain des « Enfants et Jeunes Travailleurs », EJT, avec la notion d’enfant jusqu’à 18 ans, et jeunes jusqu’à 22-25 ans selon les associations nationales.
Néanmoins, les organisations d’enfants travailleurs contestent le concept même d’âge minimum. Pour beaucoup, ce qui importe sont des données subjectives, ils raisonnent d’avantage en termes d’adéquation entre les capacités de l’enfant et la nature du travail qui lui est fixé. Ainsi ils affirment donc que la Convention 138, qui interdit le travail sur le seul critère de l’âge, n’est pas pertinente, car d’autres éléments doivent être pris en considération, comme les capacités ou le sexe d’un enfant en particulier et non d’une classe d’âge en général. Pour plus de détails, voir les positions des enfants travailleurs.
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Validité et précision des chiffres utilisés
Les chiffres présentés par l’OIT ne sont que des estimations car il est très difficile de collecter des données sur le sujet, dans la mesure où il touche à un secteur hors la loi. En suivant Myers[2] on peut sérieusement interroger les estimations de l’OIT. Tout d’abord car selon les pays où les estimations sont réalisées, les définitions d’enfants travailleurs sont différentes. Ainsi pour certains, si un enfant est scolarisé, il ne doit pas être comptabilisé dans la statistique de travail, or nombreux sont ceux qui vont à l’école au moins le matin, voire quelques jours par semaines, et qui en dehors ont une activité laborieuse qui peut être particulièrement intense. D’autres types de variations concernent le temps et la nature du travail. Pour certains seuls les travaux rémunérés sont à considérer, pour d’autres cela dépend du nombre d’heures de travail réalisées. Cette grande hétérogénéité du travail des enfants rend donc les statistiques sur la question quelque peu artificielles, mais elles restent néanmoins intéressantes pour obtenir un ordre de grandeur du phénomène, et déterminer quelques caractéristiques.
[2] BOYDEN, Jo, Birgitta LING, William MYERS, What works for working children, UNICEF – Rädda Barnen, Suède, 1998
Voir approche globale, approche sectorielle ou approche régionale.