Répartition géographique du travail des enfants
Il y a une grande inégalité face au travail des enfants entre les différentes régions de la planète : en chiffres absolus, la région Asie-Pacifique est le plus grand employeur (57% de la main d’œuvre enfantine), suivie de loin par l’Afrique subsaharienne (28%), l’Amérique latine et Caraïbes (6%) et les autres régions (9%). Ceci est en partie expliqué par la démographie, comme le montrent les graphiques suivants.
En revanche, si l’on fait une comparaison géographique par nature du travail réalisé, à l’encontre des idées reçues, il apparaît que c’est en Asie que la proportion d’enfants effectuant des travaux dangereux est la plus faible, même si en chiffre absolu le nombre d’enfants est plus important. L’image mondiale donne une répartition en tiers. La proportion d’enfants travaillant dans le cadre de l’OIT oscille entre 20% et 35% des enfants économiquement actifs. Le travail des enfants est donc bien une réalité complexe qui souffre de nombreux préjugés.
source : Rapport global en vertu du suivi de la Déclaration de l’OIT relative aux principes et droits fondamentaux du travail, OIT, 2010
Il existe néanmoins une grande inégalité dans les régions en terme de taux d’emploi de main d’oeuvre enfantine par rapport à la population d’enfant de chaque région, avec peu d’évolution depuis 2004. Ainsi, près d’un enfant sur 3 est travaille en Afrique, quand ils sont près de un sur 5 en Asie, un sur 7 en Amérique Latine, et un sur 12 dans le reste du monde.
source : Rapport global en vertu du suivi de la Déclaration de l’OIT relative aux principes et droits fondamentaux du travail, OIT, 2010
Le tableau suivant regroupe les deux informations précédentes, et donne les pourcentages de main d’oeuvre enfantine par nature d’activité.
Asie
Les activités représentatives de l’Asie sont pour une grande part le secteur informel (20% des enfants actifs en Inde), une large domesticité recrutée dans la rue, la pêche, les industries manufacturières, ainsi qu’une prostitution très étendue, qui fait l’objet d’un trafic important, et qui a entraîné un fort tourisme sexuel dans la région. Le servage pour dette est une pratique courante : une famille qui a contracté une dette se retrouve en position de servitude vis à vis de son créancier, et parfois cette dette croissante s’étend sur plusieurs générations.
Afrique
En Afrique, on note une très forte domesticité (37% des fillettes, la plus grosse proportion mondiale), il existe des trafics transfrontaliers à travers le Togo, le Nigéria, le Mali, la Côte d’Ivoire, le Gabon, et le Cameroun pour la main d’œuvre enfantine agricole, industrielle ou minière. L’esclavage persiste en Afrique, notamment au Soudan, où la pratique ancestrale de la traite des noirs n’a pas cessé.
Europe
En Europe, le travail des enfants est aussi une réalité non négligeable. Mais il prend des formes différentes que dans les pays du sud. Ce n’est pas tant dans les types d’activités que l’on peut comprendre la différence entre les jeunes occidentaux et leurs homologues des pays en développement mais dans les modalités de travail. En effet on retrouve en Europe des enfants dans le secteur rural, dans les commerces pour aider leurs parents, livreurs de journaux en Angleterre, et autres. En revanche la temporalité est différente. En effet, la scolarisation universelle est pratiquement atteinte dans les pays occidentaux, aussi les horaires de travail des enfants sont ceux laissés par l’école : après la classe, les week-ends, ou lors des vacances scolaires. Souvent l’enfant participe à un travail qui n’est pas forcément rémunéré, comme le cas des enfants qui participent au commerce familial, et leur apport doit alors être comptabilisé autrement que comme gain direct. Les conditions de travail sont elles aussi différentes, car il y a en Europe peu de cas d’exploitation du travail des enfants.
Voir introduction, approche globale et approche sectorielle